#OneHealth, Engagements
28 novembre 2018

Le bien-être animal, une question complexe

Le bien-être animal, une question complexe qui donne aux vétérinaires de nouvelles responsabilités

La question du bien-être animal est une question délicate car elle suscite beaucoup d’émotions, débouche parfois sur des positions réductrices, et tend à opposer les différents types d’agriculture. Pour nourrir les hommes en quantité et en qualité, pour maintenir l’équilibre de nos territoires, pour conserver la biodiversité, nous avons besoin de toutes les formes d’élevage : des grandes structures intensives comme des formes minoritaires.

Mais ce qui doit les réunir toutes, par-delà leur diversité, c’est précisément cette notion de « bien-être animal ». Le respect des animaux s’inscrit comme une forme de pré-requis incontournable aux relations hommes-animaux. Ces derniers méritent d’être bien traités, respectés et aimés comme tous les êtres vivants. Dans ce contexte, nous, vétérinaires, avons un rôle crucial à jouer. Car le bien-être animal commence par la préservation de la santé des animaux, qui, comme les hommes, peuvent être confrontés aux maladies et à la souffrance que ces dernières occasionnent. C’est pour l’ensemble de ces raisons, que, pour fêter les 250 ans de l’ENVA (Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort), Ceva a co-organisé un séminaire intitulé « Bien-être animal et société1 ». Il a convoqué des acteurs de tous horizons concernés par cette question : éleveurs, vétérinaires, chercheurs en sciences sociales, deux anciens ministres. Nous remercions l’ensemble des participants pour la qualité de leurs échanges. La contribution, ci-dessous, propose une synthèse des avancées de ce séminaire. Elle devrait nous permettre de regarder cette question, sous un jour nouveau, loin des caricatures, et d’agir au quotidien pour enraciner cette notion au cœur de nos pratiques.

Ces considérations devraient nous convaincre que le monde vivant dépend de millions d’interactions entre des milliers d’êtres qui échangent et coopèrent pour survivre et se nourrir mutuellement. C’est une réalité inévitable. il n’y a pas moyen d’y échapper.

Marc Prikazsky
Chairman & CEO of Ceva

La notion de bien-être animal est difficile à appréhender

Doit-on parler de bien-être ou de bientraitance ? Par ailleurs, en employant « animal » au singulier, on regroupe dans une même catégorie tous les animaux. Or nous entretenons avec eux des relations très différentes. Dans ces conditions, comment décliner cette notion sur le terrain, sur quelle base, à l’aune de quels critères ?

Patrick Pageat

Chef du Département Identification des Sémiochimiques et Conception des Analogues (DISCA).

Le chien n’est plus un loup. L’animal domestique n’est pas une espèce captive ou asservie par l’homme, mais une espèce qui a été capable d’évoluer au cours du temps et partager la niche écologique humaine.

Luc Mounier

Professeur de zootechnie et bien-être animal. VetAgro Sup Campus vétérinaire de Lyon

La science a fait évoluer la perception que l’on avait des animaux. On s’est rendu compte qu’ils étaient capables de ressentir des émotions […] et du coup cela nous a permis d’avancer. Mais les pratiques anciennes n’étaient pas de la maltraitance, il y avait des critères de bien-être animal qui n’étaient pas suffisamment bien considérés.

91%

des interviewés se sentent concernés par le bien-être animale

Sondage commandité par Ceva Santé Animale in France in 2016

L’hyper médiatisation
de la question du bien-être fait adopter parfois des raccourcis aussi infondés que préjudiciables

Les hommes et les animaux, c’est 1000 histoires. 1000 histoires millénaires, c’est le chasseur et son chien,  c’est l’éleveur et ses porcs, c’est la consommation […]. On essaie aujourd’hui de les réduire à une histoire, le bourreau et la victime. C’est une réduction considérable de toutes nos histoires.


Francis Wolff
Professeur émérite de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure de Paris

comme celles qui voudraient nous faire croire que le bien-être animal est incompatible avec les grands élevages. Les exigences de production des élevages ne vont pas à l’encontre du respect des animaux.  Et la taille des élevages ne préjugent pas de la qualité des soins qui dépend d’abord des pratiques de l’élevage. Son évaluation doit donc se faire sur le terrain en se basant sur des indicateurs animaliers : bonne santé de l’animal, capacité pour lui d’exprimer ses besoins écologiques, des besoins très différents d’une espèce à l’autre.

La question du bien-être animal s’inscrit sur une toile de fond sociétale très paradoxale.

L’immense majorité de la population y est sensible. Or la bientraitance a un coût que le consommateur doit accepter de prendre en compte. Et nous vivons dans un monde où plus de 800 millions d’individus sont loin de manger à leur faim… 

Pourtant :  “ On a parlé du bien-être animal et, fort heureusement, on a parlé du bien-être de l’éleveur. Les deux sont liés […]. Mais à force de tirer les prix vers le bas, […],  on met en péril, bien sûr, l’éleveur, sa survie, et on met en péril le bien-être animal. “ Intervention de la salle

L’agriculture a évolué. Le mot grand élevage est synonyme de moins bonnes conditions. Moi je prétends le contraire. J’ai vécu dans le Cantal avec un élevage familial […]. Il y avait même un élevage plein air de porcs ; quand il faisait moins 10°C les truies avaient des gerçures aux pis et sur le dos… Le small is beautiful à l’excès font qu’aujourd’hui l’élevage est mal jugé et en décalage avec ce qu’il est effectivement.


Christine Lambert
Eleveuse et Présidente de la FNSEA

The key role of veterinarians and health professionals

Animal welfare means taking into account the health of animals and their potential for expressing species-specific behaviour. That is why veterinarians have a major role to play in connection with this issue.  They not only have to diagnose and prescribe; they also have a role in informing owners and public authorities, to guarantee that animals receive the respect to which they are entitled. Whereas it is now scientifically proven that animals are endowed, at different levels, with intelligence and feeling2, researchers are now discovering that plants3  too are able to communicate and develop cooperative behaviours, and therefore, apparently have intelligence and feeling. The sensitive character of animals, and perhaps of plants, in this context, means we should match our need to eat with the greatest respect for all living beings, seeking to mitigate all suffering, in condemning all forms of cruelty and abuse.

1 With the support of AALEENA (Alumni Association of the National School of Administration), the AAEAEA (Association of Alumni and friends of the Alfort School) and the RSPV (Veterinary Public Health Network), to all of whom we extend our thanks.
2 J-C. Ameisein, Dans la lumière et les ombres, [in light and shadow] Fayard/seuil, 2011
3 La Recherche, in September 2017, report on a publication by C. Hettenhausen et al, 2017, Max Planck Institute

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